Editorial

En quelques années, le Bulletin de liaison, dont l'ambition initiale visait essentiellement la diffusion sur le vif des informations de toute nature concernant les chercheurs sur les littératures maghrébines de langue arabe écrite, de langue française écrite, ou de tradition orale, s'est transformé en un livre ouvert contenant des documents de travail de plus en plus nombreux, cependant que les bibliographies devenaient aussi de plus en plus importantes. Mais cette bonne santé du Bulletin l'amène à devenir de plus en plus volumineux, particulièrement en ce qui concerne les bibliographies ou les annonces de colloques. Nous sommes donc arrivés à un stade où il fallait prendre des décisions : comment concilier des impératifs contradictoires ?

Le travail informatique sur la banque de données Limag et surtout sur le site Internet du même nom nous fournit à partir de ce numéro une solution. Tous les chercheurs ont actuellement la possibilité d'accéder au réseau Internet. Les quelques retardataires qui protestent encore contre cet outil prodigieux apparaissent de plus en plus de mauvaise foi, car toutes les universités sont à présent connectées, et que la plupart des chercheurs eux-mêmes le sont également.

On a donc réservé l'espace papier du Bulletin à des informations immédiates ou à des articles, et on donne sur le Bulletin des liens hypertexte permettant d'accéder d'un simple clic de souris aux informations plus spécialisées, trop volumineuses pour tenir dans l'espace restreint d'une publication papier : les bibliographies surtout, dont le volume avoisinerait les 100 pages pour le présent numéro, mais aussi les descriptions détaillées de colloques ou d'équipes de recherche, qui n'intéressnt pas nécessairement tous les lecteurs. On a également limité les signalements de manifestations à celles qui n'ont pas encore eu lieu : celles des années 2000 et même déjà 2001, et on a laissé sur le site Limag le calendrier récapitulatif complet des manifestations de 1999 qui nous avaient été signalées.

Cette formule mixte papier-Internet est certes assez originale, on en a conscience. On espère aussi de cette manière participer à un débat qui dépasse le strict cadre de la littérature maghrébine : celui de la relation entre le livre et l'ordinateur. La formule proposée ici se veut aussi proposition pour de nouveaux modes de communication.

Cette formule est aussi un essai : le Bulletin pourrait ainsi évoluer vers un statut de revue au sens plein du terme, ce qui ne l'empêcherait pas de fournir en même temps, grâce aux liens vers le site Limag, les informations ponctuelles immédiates auxquelles il était essentiellement consacré dans ses premiers numéros, à l'époque où le site Limag n'existait pas encore. On a vu depuis la partie "Articles" devenir de plus en plus importante, tout en répondant à un autre type de lecture que celui des informations qui primaient jusque là. Il serait dommage de stopper cette évolution, même si on envisage dans le cas de l'évolution vers un statut de revue, une sélection qualitative plus stricte des articles publiés. Par ailleurs la partie "Informations" ne perdrait rien non plus à cette évolution : les fichiers auxquels renvoient les liens pourront en effet être tenus à jour, même au-delà de la publication "papier" du Bulletin, et tenir compte ainsi des informations qui nous seront parvenues trop tard pour être publiées.

On demande donc aux lecteurs de nous donner leur avis : cette formule qui permet de donner une place plus grande aux articles sans pour autant délaisser l'information vous convient-elle davantage ? Ou bien son "modernisme" vous désoriente-t-il, et préférez-vous la formule plus traditionnelle ? Réponses à Charles Bonn, Université Lyon 2, UFR Lettres, 18, Quai Claude Bernard, 69007 Lyon, ou par internet : charles.bonn@univ-lyon2.fr

Le Bulletin cependant, rappelons-le, est l'expression d'une association internationale de chercheurs, la Coordination internationale de chercheurs sur les littératures du Maghreb (CICLIM), présidée actuellement par Farida Boualit, de l'université d'Alger, mutée à sa demande à l'Université de Bejaïa en octobre 1999. Les difficultés rencontrées par l'équipe algérienne ont fait que depuis l'élection de ce bureau, qui succède à celui que présidait Regina Keil, l'activité de la CICLIM en tant que telle n'a pas été à la hauteur des attentes ces derniers mois. Par ailleurs Charles Bonn, trésorier de la CICLIM et responsable du programme Limag, a obtenu au même moment sa mutation de l'université Paris 13 où la CICLIM est encore domiciliée et qui lui fournissait l'essentiel de ses moyens financiers, à l'université Lumière-Lyon 2 où les moyens dont il dispose sont plus limités.

Malgré ces aléas, le programme limag ne cesse de se développer. Pour des raisons techniques de compatibilité de logiciels, le programme d'interrogation bibliographique Limag n'est pas encore directement consultable sur le site Internet Limag. Il le sera probablement dans un proche avenir grâce au travail en cours d'une équipe d'informaticiens de l'université Lyon 2. Par ailleurs le CD-Rom Limag, diffusé depuis de nombreuses années dans plusieurs dizaines d'universités dans le Monde, sera prochainement diffusé également par l'AUPELF-UREF, associé sur un même CD-Rom avec la banque de données LITAF, réalisée par Virginie Coulon sur les littératures africaines francophones.

L'équipe tunisienne compte sur les mécènes tunisiens ou résidant en Tunisie (les universités, les banques, les services culturels français ou autres...) pour réaliser son programme : collecte documentaire sur la Tunisie, rédaction d'un dictionnaire des auteurs tunisiens de langue arabe et de langue française, publication de livres (Mélanges M'Hiri, colloque de Tunis, premier fascicule du dictionnaire, livres déjà sous presse), organisation de colloques.

Un de ses membres, M. Mohamed-Ali Drissa, a été élu à la tête de la faculté des lettres de Manouba. L'équipe lui présente tous ses voeux de réussite et de rayonnement. La faculté des lettres de Manouba connectée à Internet, offre aux chercheurs tunisiens, aux différentes équipes la possibilité de travailler dans les meilleures conditions. Le choix de la Tunisie par le Conseil International d'Études Francophones pour organiser son congrès prouve que les littératures du Maghreb ne ressemblent plus à des épouvantails au Maghreb. Des chercheurs de vingt-deux pays verront que les "périphéries" en Méditerranée tournent comme des centres depuis vingt-cinq siècles d'histoire, de partage et de confluence.

Charles Bonn et Habib Salha.